Ali Bongo: analyse des premières mesures

Publié le par radiogaboma

Lorsque tout va mal il faut le dire et dénoncer les attitudes qui vont à l'encontre de l'intérêt général. Et Radiogaboma a dénoncé à maintes reprises  la corruption, la gabegie, l'arbitraire, l'incompétence qui ont caractérisé nos dirigeants sous l'ère d'Omar Bongo Ondimba.
L'honnêteté intellectuelle voudrait que l'on salue également les actions qui vont dans le bon sens, celui de la transparence de l'action de l'Etat, la justice pour tous, la performance de l'action publique, entres autres.
J'aimerais aujourd'hui souligner les signes forts que Mr Ali Bongo Ondimba, a envoyé au Peuple en l'espace d'une seule semaine. Rappelons ici ces actes engagés depuis le vendredi 18 Octobre 2009, date de l'investiture d'Ali Bongo.


Constitution d'un gouvernement constitué de 30 membres

Contre 44 pour le gouvernement sortant. Ali Bongo rejoint ici une des propositions phares de Pierre Mamboundou (qui préconisait un gouvernement constitué de 19 à 27 ministres, Premier ministre inclus) en vue de réduire le train de vie de l'Etat. Nous nous accorderons aussi qu'une équipe aussi restreinte est plus en phase avec une population de 1,5 millions d'habitants. Un gouvernement de 30 membres est aussi un gage d'efficacité, réduisant les redondances dans la chaîne d'exécution. Parmi les 30 ministres, 18 sont des  "nouveaux", nous ne reprocherons pas à Ali Bongo de les avoir choisis en majorité dans les rangs du PDG. La jeunesse caractérise aussi cette nouvelle équipe. Soulignons au passage que le poste de vice-président a été supprimé, ce qui est un bon point à mettre à l'actif d'Ali Bongo.
Au-delà, de la réduction du nombre de ministres, un soin particulier doit être apporté au contenu des portefeuilles ministériels. Dans la nouvelle équipe gouvernementale, le ministre en charge del'Education Nationale, s'occupe désormais aussi de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique. Ali Bongo aurait pu aller plus loin en regroupant les ministères des Mines et Hydrocarbures et de l'Energie et des Ressources Hydrauliques, par exemple. Il y a moins de ministres délégués également (6).
Rappelons-le une équipe aussi compacte est gage de performance, les ministres engageant ici plus directement leur responsabilité, ils sont plus "évaluables". Ali Bongo rompt donc avec une des pratiques malsaines de son père (récompenser ses amis avec l'argent public).
Par contre la continuité est bien présente avec la nomination du Premier ministre issu de l'ethnie Fang. Il est difficile ici d'y voir un problème, dans la mesure où cet équilibre sert immédiatement les intérêts d'Ali Bongo pour asseoir sa légitimité. Dans le même sens (celui de la continuité),il règne un soupçon de la "géopolitique primaire" chère à feu Omar Bongo, dans ce gouvernement, comme le Secrétaire général de la présidence de la République, François Engongah Owono, "voisin" de M'ba Obame.
Autre remarque, le ministère de la Défense confié à une "civile", traduit ici la méfiance vis-vis des hommes en treillis, méfiance légendaire héritéed'Omar Bongo. Ali Bongo aurait pu faire mieux, en nommant un professionnel des questions militaires, qui aurait engager les réformes nécessaires, en vue de s'affranchir un jour de la présence du 6ème BIMA. On voit bien que le nouveau président n'a pas renoncer à son ministère "chéri": mettre les militaires "à l'aise", les engraisser, afin qu'ils ne se soulèvent jamais.
Enfin, Ali Bongo s'est payé le luxe de débaucher Jean-Félix Mouloungui, Représentant Personnel de Pierre Mamboundou en Europe et aux USA. Ce qui ont participé aux meetings de l'ACR se souviennent du personnage. Il s'agit bien sûr ici de discréditer Pierre Mamboundou et l'opposition en général, cela ressemble étrangement au cas "Sarkozy débauchant Luc Besson du PS". La nomination de Mr Mouloungui au poste de ministre des PME a fait l'effet d'une bombe, et a affaibli au passage une opposition déjà à bout de souffle. Aujourd'hui, le Secrétariat exécutif del'ACR a prononcé l'exclusion de Jean-Félix Mouloungui, levant ainsi toute zone d'ombre quant à d'éventuels "compromis" entre Mr Ali Bongo et Mr Pierre Mamboundou.
En fait en acceptant ce job, Mouloungui vient de signer son arrêt de mort politique, dans la mesure où Ali Bongo, en le nommant ministre le pose sur siège "hautement éjectable": au prochain remaniement (qui devrait intervenir assez rapidement au vu de la méthode d'évaluation des ministresqu'Ali Bongo lui-même a proposé), il sera certainement remercié car pas expérimenté dans l'administration de la chose publique.


Nomination en conseil de ministres de toutes les équipes encadrantes des ministères

Réduction du cabinet ministériel au stricte minimum (1 directeur de cabinet - 9 conseillers - 5 chargés d'étude - 4 chargés de mission), desurcroît nommé en conseil des ministres.
Cet exercice était historiquement la chasse gardée des ministres nommés, qui pouvaient à leur tour  "remercier leurs copains", autant direqu'Ali Bongo innove sur ce terrain également. Il rejoint une fois de plus une proposition de Pierre Mamboundou, qui remarquait dans son programme que "L’efficacité du fonctionnement de la Présidence de la République, de la Primature, et des Ministères ne se mesurant pas au nombre exorbitant de leurs hauts fonctionnaires et autres conseillers, il est indispensable de limiter au strict minimum le nombre de hauts fonctionnaires et conseillers à connotation politique". Ali Bongo devrait aller plus loin en légiférant ou décrétant sur ces points, qui doivent être quasi constituants de notre Pays.
Citons dans ce même registre la suppression du cabinet privé du Président de la République, des postes de coordonnateurs généraux à la Présidence de la République. Il en est de même des postes de haut représentants généraux, de hauts conseillers du Président de la République, des représentants personnels du Président de la République, des délégués généraux interministériels ainsi que les postes de hauts commissaires, commissaires généraux et commissaires. Ce ménage aura un impact certain sur le trafic d'influence, la corruption, les postes de complaisance, entre autres maux.

Tenue des conseils des ministres dans différentes villes du pays

Mesure sans grand intérêt, qui peut s'avérer paradoxale lorsque l'on s'est fixé comme mission de traquer les dépenses inutiles. Cette initiative pourrait par contre se révéler redoutablement efficace en matière de transparence gouvernement et d'action participative pour les populations si la tenue de tels conseils des ministres s'accompagne d'ateliers de travail, d'immersion des ministres dans les réalités des Gabonais, ils pourront ainsi mesurer l'impact de leurs décision sur les populations, y apporter des corrections ou ajustements. Je pense qu'Ali Bongo, dans cette mesure, cherche à assoir son pouvoir, et à améliorer sa côte de popularité. Ce qui n'est pas mauvais en soi, mais on s'en doute, si les populations saluent déjà les premières mesures, elles se lamenteront bientôt lorsque les effets se feront ressentir. Il ne faut surtout pas que cela se transforme en nouvelle "fête tournante".


Les ministres sont invités à "déclarer leur patrimoine" dans les meilleurs délais

Radiogaboma plébiscite cette mesure, naturelle sous d'autres cieux, mais inimaginable au Gabon.
Encore une fois, Ali Bongo devrait aller encore plus loin. Car de telles mesures si elles sont incomplètes, pourraient créer l'effet inverse. Déclaration de biens de l'ensemble des hauts cadres et dirigeants des entreprises publiques, restaurer voire réformer l'autorité de l'appareil fiscal,rehausser les pouvoirs des institutions en charge de contrôler les fortunes des acteurs du service public et du secteur privé dans une certaine mesure, créer un pôle de contrôle financier ayant des prérogatives étendues (possibilité de déclencher la machine judiciaire). De plus, le Président de la République devra également se plier à cet exercice, ainsi que les membres du Parlement, les membres des organes del'Etat (CSA - CES - Cour Constitutionnelle ...), et toute cette information mise à disposition du grand public. De même il faut publier les salaires des cadres del'Etat, des ministres et du Chef de l'Etat.


Limogeage de Philibert Andzembé, patron de la BEAC

Soupçonné d'être au coeur d'une malversation financière de l'ordre de 19 milliards de FCFA dans les caisses de l'organisme sous-régional. Bonne action, en effet, ce genre de pratiques avait pignon sur rue jusqu'à présent. Toutefois nous attendons d'Ali Bongo que les responsables de tels actes soient traduits devant la justice. Donc affaire à suivre. Le patron de la CNSS Antoine Yalenzele et de nombreux autres, doivent faire l'objet d'une évaluation également.


Des audits de la Fonction Publique sont programmés

Objectifs : cerner les effectifs de la fonction publique, la masse salariale, ainsi que la dette intérieure et extérieure de l'Etat. Bien. Mais, ces audits sont coûteux (souvent confiés à des cabinets français), pourquoi ne pas utiliser l'audit probablement réalisé par Emile Ndoumba lors de son passage au Ministère des Finances? Ce point constituerait une base de départ. Nous traquons les "coûts", inutiles d'en créer d'autres.


Non cumul des postes pour les élus du Peuple

De même, les députés et les sénateurs ne sont plus autorisés à cumuler leurs activités parlementaires et avec les fonctions de président de Conseil d'administration des sociétés ou organismes des secteurs publics et parapublics, ainsi que des sociétés privées.
Très bien! Mais allons-y plus loin en étendant la mesure au Chef de l'Etat: Ali Bongo a-t-il rendu son tablier de PCA de l'OPRAG depuis son investiture?


Les NTIC pour la performance du Service Public


En recevant, le Dr Modibo DIARRA, excellence scientifique mondialement reconnue, et par ailleurs Directeur Afrique du géant du logiciel Microsoft, Ali Bongo émet un signe fort en vue de la modernisation de l'Etat. Il s'engage aussi sur le chemin de la gouvernance "éclairée" qu'ont choisi de nombreux dirigeants dont Barack Obama. En effet, les Nouvelles Technologies représentent un fabuleux levier pour qui s'inscrit dans l'e -gouvernement, une administration publique transparente et dont la performance peut être mesurée. Un partenariat avec le plus grand acteur du marché, Microsoft, est réellement une bonne chose. Attention toutefois, car Microsoft ne cache pas son désir de conquérir l'Afrique, et lorsque l'on sait que les grandes puissances (USA, Chine, Brésil, France) de ce monde se tournent de plus en plus vers des "alternatives à Microsoft", afin disent-ils de réduire les coûts (les licences des produits Microsoft sont ungouffre financier), de s'appuyer sur des technologies plus standard et donc ouvertes (Open Source) pour garder la main sur leurs systèmes d'information. Il faut donc "embrasser Microsoft avec une franche retenue", pour ne pas créer un nouveau poste de dépense, et un monopole qui dessert leGabon à coup sûr. Nous devons développer l'infrastructure informatique de l'Etat et même des Collectivités Locales sur un modèle standard, ouvert et durable (Microsoft propose un modèle dont il a la propriété exclusive). Une position plus nuancée sur ce domaine, permet développer des compétences localement (transfert de technologie), de favoriser l'émergence d'un pôle d'excellence, et surtout d'inciter l'initiative des nationaux. Aucun "Dragon ou Pays Émergent" ne s'est construit sans les NTIC, donc bon point pour Ali Bongo. En matière de transfert de technologie, l'industrie pétrolière au Gabon illustre bien ce problème: "si les compagnies pétrolières étrangères se retirent du Gabon, nous sommes incapables de prendre le relai et assurer la continuité de cette activité dont nous nous accordons à dire qu'elle est vitale pour notre économie". Il faut acquérir les compétences dans tous ces domaines, créer une école du pétrole et des mines, multiplier les pôles scientifiques et divulguer la pratique des sciences.

L'excellence technologique est le grand défi du 21ème siècle.




En conclusion, Ali Bongo est crédité de quelques bons points par ces mesures, toutes exécutées en quelques jours seulement. Espérons qu'elles se transformeront en actionsconcrètes et durables très rapidement. De sources fiables, le Peuple apprécie, quand les promesses de campagne se transforment en actes c'est une bonne chose.
Attention toutefois de ne pas précipiter, de telles actions doivent rentrer dans les "bonnes pratiques de l'Etat", et c'est presqu'une réforme profonde de l'Etat que cela suggère. En outre, Ali Bongo doit s'entourer de personnes déterminées, car ces mesures populaires dans un premier temps, feront grincer les dents de la population très rapidement, habituée à "bénéficier des largesses d'un parent haut placé". Il faut donc qu'une action pédagogique soit menée sur les populations, pour accompagner ce changement "violent". Ali Bongo démontre comme une besoin de revanche, comme pour dire "vous n'avez pas cru que j'en suis capable, eh bien vous allez voir!". Il doit rester sage et associer tous les talents Gabonais à cette action. Les Gabonais doivent être les principaux acteurs de cet changement. Enfin les mesures doivent être encore plus audacieuses (réforme de la Constitution) et associer la Société Civile par exemple, ainsi que les Collectivités Locales. Le Parlement doit être une force de proposition. Ali Bongo doit absolument associer la Diaspora, souvent hautement qualifiée, il s'agit de Construire le Gabon de Demain!

Radiogaboma, "la voix du Peuple" soutient toute initiative allant dans le sens de l'épanouissement du Peuple Gabonais et de la bonne gouvernance. SiAli Bongo s'inscrit durablement sur ce chemin, alors il obtiendra le respect et l'admiration du Peuple Gabonais . Si ces mesures ne sont que des lendemains d'investiture et des effets d'annonce, alors le Peuple s'en rendra compte très vite aussi.

Radiogaboma.com
La lutte continue - La voix du Peuple Gabonais!

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S
<br /> Cher ami!<br /> Je partage en grande partie votre analyse des mesures prises par le nouveau chef de l'État Gabonais notamment sur la réduction du train de vie de l'État et surtout pour initier des réductions des<br /> dépenses publiques. Par contre sur l'aspect politique de ce début de mondant je ne suis pas en phase avec vous.<br /> D'abord sur ce que vous appelez la continuité d'une forme de géopolitique par rapport au poste de premier ministre ou encore celui de secrétaire général de la présidence, je crois, qu'il est de<br /> bonne guerre en politique d'assoir son pouvoir et de déstabiliser ses adversaires. On ne saurait donc reprocher à quelqu'un qui veut assoir son pouvoir d'agir ainsi. D'autre part, sur le cas l'ex<br /> membre de l'ACR, cela va dans le même du jeu politique, car si vous ne déstabiliser pas vos adversaires c'est eux qui le feront. Alors ne lui reprochant pas cela.<br /> Je terminerai par votre interrogation sur la nomination d'un civil au poste de ministre de la défense. Je ne pense pas qu'il faille être soldat de métiers pour amener à terme des reformes sur<br /> l'armée. A l'exception des anciens pays communistes et encore chez quelques uns, la plupart des personnes en charge du ministère des armées ou de la défense sont des civils. Il serait plutôt<br /> nécessaire de s'entourer des meilleurs conseillers afin de mener à bien les réformes nécessaires qui s'imposent. Autre point que vous sembler lier à ce poste notamment, pour le Gabon, la présence<br /> des formes armées française. A mon sens, cela relève d'une revisite des accords bilatéraux entre la France et le Gabon. Mais le nouvel élu ne pourrait se départir de ses parrains aussi vite.<br /> Je conviens donc avec vous, cher ami, que ce début de mandat a lancer des signes positifs, alors attendant la suite.<br /> SIMBE<br /> <br /> <br />
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